Notre progression dans le domaine de l’énergie photovoltaïque n’est pas suffisamment ambitieuse. Si nous voulons réussir notre transition énergétique, il est impératif d’accélérer notre rythme dès maintenant, comme le met en évidence la dernière analyse prospective réalisée par le gestionnaire du réseau électrique RTE.

Objectif: croissance

Nous n’avons pas d’autre option. Nous devons accélérer plus rapidement que prévu dans le développement des énergies renouvelables pour atteindre l’objectif de neutralité carbone d’ici 2050. C’est l’une des principales conclusions du bilan prévisionnel majeur de la période 2023-2035, récemment dévoilé par le directeur général de RTE, Xavier Piechaczyk, au cours d’une conférence de presse. “Nous devons viser une production annuelle minimale de 270 térawattheures (TWh) d’ici 2035, par rapport aux 120 TWh actuels”, a-t-il souligné.

Atteindre les 320 TWh serait encore préférable, en particulier grâce à l’expansion de l’énergie solaire. Xavier Piechaczyk a confirmé que “le potentiel de l’énergie photovoltaïque est très élevé.” RTE préconise ainsi un rythme annuel d’installations de 4 à 7 gigawattheures (GW) supplémentaires par an, comparé aux 2,5 GW actuels. “Cependant, nous devons accélérer au maximum dès que possible”, a-t-il averti.

“Nous sommes les moins performants en Europe”

Cela nous permettrait d’atteindre une capacité totale comprise entre 65 et 90 GW d’ici 2035, multipliant ainsi par six notre capacité actuelle. Bien que cela se situe dans la fourchette des ambitions du Royaume-Uni et de l’Espagne, c’est encore bien en deçà des objectifs fixés par l’Allemagne. En comparaison, la France ne dispose actuellement que de 16 GW de capacité installée au total, ce qui nous place en nette position défavorable par rapport à notre voisin d’outre-Rhin, qui vise une augmentation annuelle de 20 GW d’ici 2035.

 

La france à la traîne

“Le fait que la France installe moins de panneaux solaires que les Pays-Bas ou la Pologne est étonnant”, a commenté Thomas Veyrenc, directeur de la stratégie et de la prospective de RTE. “Il est possible que cela soit dû à des considérations paysagères et architecturales différentes dans notre pays, ainsi qu’à des contraintes environnementales potentiellement plus contraignantes qu’ailleurs”, a-t-il ajouté.

Le secteur de l’énergie solaire est mécontent. “Nous sommes le maillon faible de l’Europe”, a déclaré sans ambages Xavier Daval, PDG du fabricant de semi-conducteurs KiloWattsol et vice-président du syndicat des énergies renouvelables (SER). “La dynamique de croissance moyenne en Europe est de 30 à 40 %, alors qu’en France, elle a reculé de 30 % au premier trimestre”. Selon lui, cette situation est imputable à l’annulation d’appels d’offres, aux difficultés à trouver des terrains disponibles, aux complexités administratives et aux problèmes d’assurance. “En France, il faut quatre ans pour concrétiser un projet d’un mégawatt”, déplore encore Xavier Daval.

 

Un début de mobilisation populaire

Les acteurs industriels attendent maintenant de voir comment la première loi de programmation sur l’énergie et le climat (LPEC) se concrétisera, ainsi que la confirmation des chiffres avancés par RTE en matière de production d’énergie photovoltaïque.

En attendant, des signaux encourageants se sont manifestés à la rentrée. En un an, le nombre d’installations photovoltaïques pour l’autoconsommation a augmenté de 77 % en France, selon l’Observatoire français de la Transition écologique. La hausse des prix de l’électricité incite en effet de plus en plus de personnes à s’équiper. Même si ces installations sont de faible capacité, elles marquent le début d’un engouement populaire pour l’énergie solaire, peut-être annonciateur d’un changement dans son acceptation sociale.

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