Dans un contexte général marqué par le poids croissant du logement dans le budget des ménages, plusieurs associations de consommatuers ont entrepris de réaliser une enquête visant à éclaircir la situation en matière de rénovation énergétique et ses implications pour les Français.

Les principales conclusions à retenir sont les suivantes : la rénovation énergétique est devenue un enjeu central dans la vie quotidienne des Français, qui sont bien conscients de son importance et se sentent majoritairement concernés. Plus de la moitié des propriétaires et des bailleurs envisagent logiquement d’entreprendre des démarches dans ce sens. Cependant, derrière cette volonté individuelle d’agir, se dressent de nombreux obstacles, principalement d’ordre financier et méthodologique. Cette conjonction de facteurs pourrait potentiellement conduire à une résignation réelle, avec des propriétaires envisageant de vendre faute de pouvoir rénover, tandis que la plupart des locataires acceptent de vivre dans des conditions énergétiques précaires.

 

Le Poids Croissant du Logement dans le Budget

Ce contexte est en grande partie façonné par l’augmentation continue du coût du logement dans le budget des ménages, l’inflation et les tensions persistantes sur le marché de l’énergie ces derniers mois. Désormais, chaque dépense compte, et les ménages cherchent toutes les opportunités pour soulager leur budget souvent limité.

En effet, près de la moitié des Français (49%) ont l’impression que la part du logement dans leur budget global a augmenté au cours des deux dernières années, et pour plus d’un Français sur cinq (22%), elle a même “beaucoup augmenté”. Les coûts liés au chauffage sont particulièrement préoccupants pour la plupart des répondants, avec 52% déclarant qu’ils ont “beaucoup augmenté”, et même 62% parmi ceux qui estiment vivre dans des logements énergivores.

Pour ceux dont la part du logement a augmenté dans leur budget, l’effort d’économie se porte principalement sur les dépenses jugées non essentielles, telles que les achats (18%), les loisirs, les sorties, les activités culturelles et sportives (15%), et les vacances (14%). De plus, 15% réduisent leurs dépenses alimentaires, et 13% leur consommation énergétique, notamment le chauffage.

 

La rénovation énergétique, un sujet qui préoccupe les Français

Quatre Français sur cinq ont déjà entendu parler de la rénovation des logements anciens, un chiffre significatif pour un sujet qui pourrait sembler assez technique au premier abord (en comparaison, un peu plus de la moitié des Français ont connaissance de la Loi Climat résilience).

De plus, 55% d’entre eux se sentent personnellement concernés par la rénovation énergétique des logements. Ce fort engagement s’explique en partie par le fait que près d’un tiers des Français ont l’impression de vivre dans des passoires thermiques (29%), un pourcentage à peu près équivalent à celui des propriétaires bailleurs (33%) qui estiment louer des logements énergivores.

 

L’Engagement des Propriétaires

Un pourcentage substantiel de Français envisage de se lancer dans des démarches d’éco-rénovation : 51% des propriétaires habitant dans des logements énergivores sont prêts à entreprendre les démarches pour rénover leur logement. De plus, plus de 60% des propriétaires bailleurs de passoires thermiques se disent prêts à rénover les logements qu’ils louent, que ce soit après le départ de leurs locataires (65%) ou de leur propre initiative (62%).

Pour les Français envisageant de rénover leur logement, l’objectif principal pour 78% d’entre eux est de réduire leur facture d’énergie (50 % en premier, 78 % au total), compte tenu de la hausse significative des coûts énergétiques. De plus, 73% souhaitent améliorer leur confort intérieur (38 % en premier, 73 % au total).

 

Une Connaissance Croissante du Sujet

Aux yeux des citoyens, une “rénovation efficace” est avant tout associée à une “amélioration de l’isolation” (55%). Ceux qui accordent de l’importance au remplacement des fenêtres sont très minoritaires (9%). Il est donc clair que l’idée que le simple remplacement des fenêtres suffise est désormais révolue. De même, ceux qui privilégient l’amélioration du système de chauffage sont peu nombreux (8%). Il semble que les communications des autorités publiques et des acteurs privés sur le sujet aient été plutôt efficaces.

Par ailleurs, 63% des Français sont conscients que la rénovation complète d’un logement est plus rentable à long terme que l’accumulation de petits travaux, et 72% savent que, en général, les constructions modernes sont plus économes en énergie que les bâtiments anciens.

Cependant, deux types d’obstacles entravent cette volonté individuelle d’agir. Les obstacles financiers sont jugés importants en raison des montants nécessaires pour la rénovation énergétique. Trouver les ressources financières nécessaires s’avère compliqué : la moitié des Français qui ne considèrent pas la rénovation énergétique comme une option possible estiment que le coût à engager est trop élevé pour leurs finances (46% en premier, 52% au total). Cela souligne l’importance de la question du financement dans la mise en œuvre de la rénovation. De fait, la plupart des Français se tournent spontanément vers leur propre banque (19% en premier, 45% au total) pour entreprendre des démarches et gérer les travaux, suivi du site France Rénov (44% en premier, 58% au total).

 

Les Français rencontrent des difficultés pour savoir comment aborder ces rénovations

En somme, 64% des Français considèrent ce type d’obstacle comme le principal frein à la rénovation. Ils sont 33 % à ne pas savoir par qui se faire accompagner ni comment (13% en premier, 33% au total), et 31% ne savent pas comment identifier des entreprises fiables et craignent les arnaques (6% en premier, 31% au total).

De plus, les aides gouvernementales sont perçues comme peu lisibles : bien que de nombreuses personnes se sentent concernées et prêtes à agir, le manque de clarté des aides gouvernementales freine leur passage à l’acte. En effet, 69% des Français estiment qu’il est difficile de s’y retrouver (dont 40% très difficile). Cela reflète l’ampleur des efforts de simplification que les autorités doivent encore entreprendre.

 

Les copropriétaires sont perçus comme peu enclins à la rénovation énergétique

Il est évident que des obstacles similaires se posent au sein des copropriétés. Logiquement, en raison des difficultés majeures évoquées précédemment – qu’elles soient liées à l’information, aux finances ou à la logistique – seulement 38 % des Français estiment que les copropriétaires au sein de leur résidence sont favorables à une rénovation énergétique complète.

L’ensemble de ces obstacles offre une opportunité à des tiers de confiance, tels que les syndics, qui sont actuellement identifiés par 1 propriétaire sur 4 comme un intermédiaire potentiel pour entreprendre une démarche de rénovation énergétique (23 %).

 

Le Défi du Vote en Copropriété

L’incapacité des copropriétaires à obtenir une majorité nette en faveur de travaux de rénovation énergétique globale est responsible en grande partie de l’attentisme observé dans ce domaine. Nexity constate que, en moyenne, 8 % des projets de rénovation sont bloqués faute de vote majoritaire conformément aux règles actuelles.

Une solution envisageable serait de modifier les règles de vote en la matière, en passant d’une majorité absolue à une majorité simple des présents. Interrogés à ce sujet, les copropriétaires français sont partagés : 46 % sont favorables à la majorité absolue des copropriétaires, contre 35 % qui préféreraient une majorité simple des présents. 19 % ne se prononcent pas, ce qui suggère que bon nombre de Français copropriétaires ne comprennent pas encore pleinement les enjeux. Il est probable que leurs préoccupations portent sur le fait que la prise de décision collective puisse engager des dépenses importantes en leur nom, alors que de nombreux Français peinent déjà à joindre les deux bouts.

 

Des propriétaires envisagent de vendre faute de pouvoir rénover 

Les préoccupations financières, les difficultés à comprendre les aides gouvernementales et les obstacles à obtenir une majorité en faveur de travaux de rénovation expliquent en grande partie pourquoi un pourcentage important de propriétaires envisagent de mettre en vente leurs logements énergivores plutôt que de les rénover à grands frais. En effet, 48 % des propriétaires bailleurs de passoires thermiques envisagent de mettre en vente leurs logements dans les 12 prochains mois, de même que 26 % des propriétaires habitant dans des logements énergivores.

 

Les Locataires et leur Acceptation

Interrogés sur leurs intentions, 48 % des locataires n’envisagent pas de quitter leur logement pour un autre plus économe en énergie (contre 38 % qui pourraient le faire), et 50 % ne prévoient pas de demander à leur propriétaire bailleur d’entreprendre des travaux de rénovation énergétique (contre 37 % qui le considèrent comme une option).

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